L’énergie de demain : mise au point
Après les premiers retours consécutifs à la publication de l'article L'énergie de demain, il semble utile de préciser un peu plus le but recherché par cette publication, et les principes exposés.
Les personnes qui adhèrent à cette initiative et souhaiteraient aller plus loin, peuvent certainement me contacter par l'intermédiaire du site et de ses modérateurs. Ils sont les bienvenus.
J’ai beaucoup hésité à publier mon article précédent sur Agoravox, car je n’étais pas sûr que ce soit l’endroit adapté au but que j’essaie d’atteindre : créer un courant de pensée qui puisse mieux faire communiquer la communauté scientifique et l’exploration technologique un peu empirique. J’utilise plus volontiers un contact direct auprès de ces deux mondes. Mais Agoravox peut conduire à diffuser ce courant de pensée, et créer un buzz qui sera repris par les professionnels. La contre partie, c’est qu’en avançant à découvert dans le « no man’s land entre ces deux mondes, on essuie forcément le tir des veilleurs qui appliquent la consigne : tirer sur tout ce qui semble ennemi ! C’est vieux comme la guerre ! Mais ce n’est pas grave, juste un peu ennuyeux d’avoir à ramper pour éviter les balles !
Au total, je suis plutôt satisfait de l’avoir fait, et je vais publier aussi en anglais sur LENR-Forum, car les commentaires des deux côtés sont encourageants, et du côté critique, comme j’étais resté très léger dans l’idée exprimée, les critiques reçues montrent que le courant de pensée que j’essaie d’initier n’a simplement pas été bien compris, ce qui est normal pour un premier papier. Par ailleurs, Agoravox est aussi suivi par des personnes comme B. Dugue, J.P. Biberian, et sans doute beaucoup d’autres, qui, éventuellement pourront contribuer à propager ce courant de pensée mieux que moi, et créer ce buzz déclencheur.
Quel est ce courant de pensée
Comme je l’ai déjà dit, cela fait de nombreuses années que je lis des publications dans le domaine de la physique fondamentale et quantique. Bien qu’ayant un peu pratiqué les équations de Schrödinger et le monde des particules lors de mes études d’ingénieur en physique, le reste de ma carrière m’a tenu éloigné de l’équipage mathématique nécessaire pour suivre les développements dans les détails. C’est un inconvénient, mais aussi un avantage, car je garde l’esprit plus dégagé en m’en tenant aux conclusions ou hypothèses formulées par ces scientifiques de très haut niveau dans des ouvrages relativement vulgarisés. J’ai ainsi lu les livres de Brian Green, Jean Hldik, Marc Lachieze-Rey, Etienne Klein, Steven Grubser, etc… et je me suis entretenu avec certains d’entre eux directement. De ces travaux, j’ai retiré les enseignements suivants :
Tous, après de longs travaux mathématiques, voient bien officiellement l’univers comme je l’ai évoqué dans mon premier article : un univers multidimensionnel dont le vide est en fait occupé par des systèmes vibratoires. Les mathématiques qui conduisent à cette vision sont en accord avec notre physique observée.
Ce que nous appelons particules (celles que nous appelons notre matière) sont en fait des sortes de clapot dont le surcroit d’énergie fait apparaître une masse et des effets électromagnétiques à nos yeux.
La difficulté de poser et résoudre les équations nécessitent de faire des approximations, qui empêchent au total d’avoir une vision complètement certaine des phénomènes. D’où la grande prudence qui fait parler de « modèles » et non de lois.
Les travaux du collisionneur du CERN permettent déjà depuis longtemps de voir émerger et disparaître les particules dans cette mer d’énergie. Nous ne sommes plus dans une théorie fumeuse, mais bien dans une vision confortée du monde, encore incomplètement comprise, et qui en plus dérange nos habitudes de pensée.
Plus on s’approche de ces systèmes vibratoires, plus il faut d’énergie pour les déranger. C’est pour cela que dans notre monde, vue macroscopiquement de très haut, les effets vibratoires et quantiques ne nous sont plus perceptibles. Mais ils sont bien là au niveau atomique et en dessous.
Ainsi, la structure des atomes apparaît de plus en plus aux chercheurs équipés des bons outils mathématiques (équation de Schrödinger et relativité générale) comme dictée par des régimes d’ondes stationnaires établis dans les différentes dimensions de l’univers. Ceci est fondamental, car si ces systèmes d’ondes stationnaires sont assez stables à notre échelle pour nous permettre d’exister, ils sont bien plus variables à l’échelle du noyau. C’est d’ailleurs pour cela que la radioactivité existe, car naturellement, et localement, les systèmes stationnaires se réorganisent comme toujours pour optimiser l’entropie. Bien sûr, encore une fois, l’énergie à apporter à cette échelle pour modifier le régime stationnaire est important, mais la radioactivité naturelle existante prouve que dans certaines conditions, le basculement d’un état à un autre est possible.
Le courant de pensée dont je parle consiste à se dire qu’en tenant compte des avancées de la physique moderne, de cette nouvelle façon de voir la matière, et des lacunes qui demeurent encore dans la façon d’agir sur l’énergie vibratoire multidimensionnelle, rien n’interdit fondamentalement d’envisager des conditions technologiques permettant des changements d’états stationnaires différents de ceux connus à ce jour. La fission et la fusion telle que nous la pratiquons aujourd’hui est directement héritée des travaux de la dernière guerre sur la bombe atomique et la bombe H. L’effet recherché était maximal, et explosif. Il en est dérivé les centrales nucléaires actuelles dans lesquelles on recherche un effet massif (réaction en chaîne contrôlée à travers des bombardements neutroniques). Dans ITER, il est encore recherché un effet de fusion intensif à travers des plasmas. Evidemment ces bombardements neutroniques sont efficaces pour chambouler localement les systèmes stationnaires ! Tellement efficaces qu’ils produisent des radiations (sortent d’éclaboussures d’énergie)
Mais on peut envisager des méthodes moins invasives de modifier localement un régime stationnaire. Il pourrait peut-être ne s’agir que d’une accélération des phénomènes naturels (comme le propose la théorie de Widom-Larsen), donc produire localement de petites quantités d’énergie, mais se faire plus en douceur que dans la fusion traditionnelle chaude où l’on fait se rencontrer des protons en force.
Attention, je ne dis absolument pas que c’est possible ! je dis simplement que la vision scientifique du monde, compte tenu des incertitudes actuelles, n’interdit pas totalement de penser que de tels mécanismes soient possibles, et que dans tous les cas, on n’y a pas beaucoup travaillé à ce jour. Mon sentiment est que les expériences de LENR qui ont abouti à des effets de chaleur et de transmutations (et parmi les nombreux essais, certains sont indéniables) prouvent que par tâtonnements, certains sont parvenus parfois aux conditions qui permettent de tels transitions. Tout semble y être : des protons d’hydrogènes confinés dans les petits espaces laissés par les matrices d’atomes de nickel ou d’hydrures, avec un coup de pouce d’effets électromagnétiques ou dans certains cas de phonons ; Ne serait-ce pas suffisant pour faire fusionner localement deux systèmes d’ondes stationnaires établis ?
Qui peut véritablement prétendre que c’est totalement impossible temps que l’on ne dispose pas de la connaissance définitive et précise de ce qu’il se passe réellement à ce niveau. Seul le niveau d’énergie requis pourrait être un argument. Mais en matière vibratoire, il faut compter avec les effets de résonnance (la maîtrise des lasers en est la preuve.) Par ailleurs on maîtrise encore très mal les conditions de la matière condensée.
Dans ces conditions, et vu les enjeux, il est dommage que la compréhension théorique actuelle ne soit plus diffusée auprès des technologues qui tentent des percées en aveugle (bien qu’objectivement certains qui s’y essaient soient aussi bien formés et assistés)
Le courant de pensée :
Restons humbles dans la situation actuelle. Nous avons beaucoup appris, mais il reste encore beaucoup de zones d’ombres. Et face à ses besoins en énergie, l’humanité ne peut pas se permettre le luxe de la fierté et de l’isolement. Le meilleur de la connaissance actuelle doit être mis sans état d’âme au service d’une recherche technologique efficace de nouveaux modes d’énergie.
La LENR n’est pas le rêve magique et naïf du mouvement perpétuel !
Ce qui découle de la science tout à fait officielle, est que notre univers est un univers d’énergie infinie (au moins à notre modeste niveau !). Toute forme d’énergie que nous utilisons actuellement est directement ou indirectement dérivée de réorganisations des systèmes vibratoires stationnaires (matière) vers une entropie croissante. Oui oui… même les énergies renouvelables ! Tout vient de la fusion nucléaire de notre chère étoile , le soleil, et peut-être aussi de ce qu’il reste de fusion au cœur de notre planète. En suite tout en est dérivé : le vent, la photosynthèse des êtres vivants (aboutissant aux hydrocarbures), l’évaporation des océans, conduisant à la pluie et aux rivières.
Si l’humanité a besoin de plus d’énergie que ce qu’il s’est accumulé aujourd’hui, il faut soit en récupérer plus du soleil (c’est possible, mais il y a des contraintes !) soit allé en chercher à la source (donc directement dans la mer d’énergie de notre univers).
C’est ce que font les centrales nucléaires à fission actuelles, et ce que fera, j’espère un jour, les centrales à fusion type ITER, qui auront le mérite de produire moins de radioactivité
(Encore qu’en produisant des neutrons rapides, les matériaux environnants seront sévèrement impactés).
Les recherches sur la LENR ne sont pas de la magie : elles consistent à tenter de faire la même chose que le soleil ou les centrales à fission/fusion, réorganiser des systèmes vibratoires stationnaires (précaution oratoire pour éviter de parler de fusion !) sans le faire en force dans des plasmas ou avec des projectiles. Est-ce possible ? il semble bien qu’à petite échelle certains y soient parvenus un peu par hasard !
L’avantage de le faire en douceur est que le système est moins perturbé, et donc ne fait pas autant d’éclaboussures (radiations, neutrons) juste quelques neutrinos, mais notre soleil nous en arrose déjà abondamment, et ça ne nous gêne pas !
Certains diront : l’énergie tirée si elle existe est misérable ! A voir ! Chaque réorganisation de protons ou de neutrons dégage environ 24Mev. C’est une énergie des milliers de fois supérieure à l’énergie tirée des organisations vibratoires chimiques pratiquées en périphérie des atomes, avec les nuages électroniques (car c’est bien ce que l’ont fait déjà en chimie !). En produire peu serait déjà très utile pour chauffer nos maisons ou les fours de l’industrie, éventuellement le transport (au moins les chaudières des bateaux !)
Ce n’est pas inventer le mouvement perpétuel. L’énergie est là, omniprésente. Nous en tirerions un tout petit peu, c’est tout !
Comprendre les régimes d’ondes stationnaires
Pour un électronicien, les ondes stationnaires font partie de son univers. Ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde ! Tentons donc d’expliquer simplement de quoi il s’agit :
Si j’ai parlé plusieurs fois de mer d’énergie, c’est intentionnellement (les scientifiques le font aussi). L’analogie permet de mieux comprendre.
Lancez un caillou dans une mare tranquille. Vous verrez des ronds réguliers se former : un système d’ondes.
Lancez en deux : chacun formera son système d’onde, et les deux s’entremêlant, vous verrez un clapot.
Plein de cailloux, ou du vent frappant la surface, et la mare est agitée. S’il y a du soleil, vous remarquerez des points brillants au sommet des clapots. Ce sont les sommets d’énergie.
C’est pareil pour notre mer d’énergie de l’univers. Les sommets d’énergie, grâce à E=mc2, font apparaître une masse, et des effets électromagnétiques : les deux seuls phénomènes qui nous font dire qu’il y a de la matière, alors qu’il n’y a que des ondes qui s’arrangent pour former un état stable : stationnaire. Si un évènement brutal modifie l’état il peut même y avoir des éclaboussures : ce sont les radiations ou des particules nouvelles.
Ce système d’ondes stationnaires est omniprésent chaque fois que des ondes se trouvent confinées ou mélangées.
Un exemple peu connu mais très parlant d’ondes stationnaires se loge dans les tuyères des fusées comme Ariane et son moteur Vulcain. Le plasma des gaz chauds éjectés, contraints par la tuyère, forment des ondes mélangées, qui s’établissent en un régime stationnaire, avec des points très chauds, et d’autres plus froids. Il faut savoir que les matériaux formant la tuyère ne résisteraient pas à la température des points chauds. Un système astucieux de refroidissement vient refroidir spécifiquement les zones de points chauds. Pour cela, il faut avoir repéré où ils se forment, et que ce soit toujours au même endroit d’un allumage à l’autre, et dans le temps. Les ingénieurs y sont parvenus en maîtrisant les paramètres qui influencent l’établissement du régime stationnaire. Changez juste un minuscule détail, et le régime d’ondes stationnaires change en douceur… et volatilise la tuyère ! C’est du grand art !
Cet exemple illustre parfaitement qu’il est possible d’atteindre des régimes stationnaires parfaitement stables (comme notre matière, à part les désintégrations naturelles) mais qu’en même temps un minuscule changement de conditions peut modifier ces équilibres. C’est clairement ce qu’il est permis d’espérer dans les recherches LENR, sachant que chaque réorganisation provoquée du système d’ondes conduit au renforcement de l’entropie, c'est-à-dire libère un excès d’énergie, puisque l’état final aura un niveau d’énergie inférieur. (Cela semble bien être une des règles de base de l’univers admises tous les physiciens). Une fois admise et mieux comprise cette vision de notre monde atomique, l’exercice consistera a imaginer des astuces pour modifier les équilibres localement, le plus en douceur possible, en fournissant le moins d’énergie possible afin d’obtenir régulièrement des petites extractions d’énergie sans pour autant générer d’effets non désirés (radiations).
Est-ce possible ou impossible ? L’avenir le dira ; mais si l’on n’essaie pas on ne risque pas d’y arriver ! et il faut bien garder en tête qu’en prolongeant jusqu’à 2050 de façon même très conservative les courbes de consommation d’énergie de l’humanité, et même en incluant le maximum réalisable de toutes les énergies que l’on connait actuellement (renouvelables, nucléaires, fossiles et hydrauliques) le compte n’y est pas : nous manquerons d’énergie. Il y a donc urgence à tout essayer pour aller puiser l’énergie de l’univers par tous les moyens !
Source : http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/
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