La reconquête de la Lune

348 ans après son naufrage au large de Toulon, la Lune, vaisseau amiral du Roi Soleil a été exploré par les archéologues de la DRASSM. L'opération, qui a permis de tester le pilotage de robots sous-marins avec l'aide de la 3D et de la réalité virtuelle développées par Dassault Systèmes, vient de faire l'objet d'un documentaire diffusé sur Arte.
06 novembre 1664, la Lune, vaisseau amiral de Louis XIV, mais véritable baille faisant eau de toute part, coule au large de Toulon avec près d’un millier d’hommes à bord, simples matelots ou nobles de très haute lignée. Le pouvoir, souhaitant étouffer l’échec de l’expédition de Djidjelli à laquelle elle avait participé sur les côtes barbaresques (Afrique du Nord), était l’affaire qui est rapidement oubliée …
… 1993, lors d’une plongée d’essai, le sous-marin Nautile de l’Ifremer découvre par hasard l’épave qui git par 90 mètres de fond. Trop profond alors pour mener une opération d’archéologie sous-marine …
… 2012, les innovations technologiques sont enfin réunies pour permettre l’exploration du vaisseau.
Cette fouille qui a mobilisé une batterie de technologies a été filmée, dans les conditions du direct, par la société Grand Angle Production, à l’aide d’un dispositif multi-cam terrestre et maritime exceptionnel, pour faire de ce site un véritable studio de cinéma. Ainsi, trois bateaux positionnés dynamiquement au-dessus de l’épave, circonscrite dans un rectangle de 40 mètres par 10, ont servi de support à des robots sous-marins équipés d’éclairages et de caméras 3D de dernière génération.
L’ensemble de cette opération de fouille a fait l’objet d’un documentaire de 90 minutes, réalisé par Pascal Guérin, qui sera diffusé dimanche 23 juin 2013 à 20h45 sur Arte.
C'est Michel L’Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) dépendant du ministère de la Culture, et dont la renommée internationale dans le domaine de l’archéologie sous-marine n’est plus à faire, qui a dirigé, en collaboration avec la Marine nationale cette exploration d’une épave considérée aujourd’hui comme unique au monde.
Le mariage de l'archéologie et de la réalité virtuelle
L’épave a fait l’objet d’une enquête archéologique exceptionnelle, mariant le savoir des archéologues et un dispositif technique inédit. L’objectif de Michel L’Hour est de faire de la Lune un banc d'essai des techniques qui permettront de mieux protéger et explorer le patrimoine que représentent les épaves. Il veut à terme utiliser les techniques de réalité virtuelle 3D pour piloter en temps réel des robots qui dégageraient et collecteraient, couche après couche, les pièces à remonter à la surface. Bref organiser des fouilles sans plongeur.
Pour cela, Dassault Systèmes, qui a déjà collaboré à des projets consacrés au patrimoine historique, tels que Paris 3D, Kheops Révélé ou la reconstitution en 3D du plateau de Gizeh, a apporté ses compétences en simulation et en 3D immersive, en participant à la mission ‘‘Opération Lune - L’épave cachée du Roi Soleil’’.
En revanche, on n’en est pas encore à piloter en temps réel les robots sous-marins à partir des outils de réalité virtuelle. Déjà, il faut faire un relevé 3D extrêmement précis du fond pour permettre aux archéologues de s'y déplacer virtuellement, afin de préparer les interventions. Un fond qui évolue en permanence au fur et à mesure que la fouille avance. « L'acquisition des données n'était jamais garantie. Nous avons par exemple réussi in extremis à capturer deux zones très précises », constatait Cédric Simard, directeur du projet pour Dassault Systèmes, lors d’une mission exploratoire menée sur site début octobre. De plus, le temps de traitement de ces relevés pour créer des images 3D reste considérable. « Nous pourrons les mettre à disposition des archéologues d'ici un mois ».
Source : http://www.industrie-techno.com/conception-design